Depuis maintenant deux à trois décennies, on parle d'un « réveil » de l'islam. Ce phénomène se traduit en particulier par un plus grand respect des prescriptions : c'est dans cette perspective que la notion de ḥalāl s'est largement diffusée, y compris parmi les non musulmans. On peut parler de « légalisme » et de « formalisme » à ce sujet. Un tel phénomène devrait amener tous ceux qui s'intéressent à l'islam à s'interroger sur le statut de la Loi dans cette religion. Comment rendre compte d'un accès de piété qui au lieu de donner lieu à des cérémonies rituelles se traduit plutôt par une plus grande soumission du sujet individuel à la Norme religieuse? Ne sommes-nous pas ainsi en présence d'un phénomène qui est antinomique avec l'individualisme dominant ?